Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

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jeudi 11 décembre 2014

Pulque

M'étant laissé surprendre par un micro-sommeil dans le trolley, j'ai raté mon arrêt et ne m'en suis aperçu qu'une septaine d'arrêts plus loin, au niveau de Popocatépetl / Saratoga (ligne A, Terminal Norte - Terminal Sur).

L'affaire commence à devenir légèrement ennuyeuse lorsque que je me rends compte que je n'ai pas les quatre pesitos nécessaires à ma rétro-transportation, les chauffeurs ne rendant pas la monnaie.

Il est 19h et il fait nuit.

Fort heureusement, un accort établissement me suggère qu'une cerveza serait la bienvenue et me permettrait de transformer un billet en petite monnaie.


J'investis alors les lieux et me trouve illico dans une salle genre entrepôt désaffecté.
Les tables croulent sous le poids de gigantesques chopes plus où moins remplies d'un liquide blanc, qui doit avoir des effets aléatoires sur le comportement humain, puisque certains consommateurs dorment sur leur table, d'autres chuchotent avec des airs de conspirateurs, d'autres encore parlent fort avec de grands gestes…

Je me vois vite informer qu'en ce lieu point n'est servie la cerveza par moi convoitée, et qu'on ne sert que ˝puro pulque˝.
Je me trouve donc dans une pulquería.
Sans hésitation, je dis que ça ira, me réjouissant par avance d'ajouter cette expérience inattendue à mon bagage mexicain.
—˝Blanco˝ me demande le loufiat ?
—˝Claro˝, lui répons-je avec assurance, ignorant qu'il existât des couleurs de pulque.

A l'aide d'une louche en plastique, il puise dans un grand tonneau de bois peint et emplit une chope d'un litre qu'il pose fortement sur le zinc, en échange de 15 pesos.

Me voici donc face à mon premier pulque, l'instant de la révélation approche.


C'est marrant, mais je ne suis pas impatient d'ingurgiter le breuvage.

La couleur et la consistance font immanquablement penser à un liquide biologique autant que séminal que j'ai rarement eu la chance d'observer dans une chope et surtout en telle quantité.

L'odeur est fade et peu engageante pour ne pas dire franchement déplaisante.

Quant au goût, une fois que l'on s'est livré aux constations ci-dessus, la première gorgée est assez délicate, et seul mon fort tempérament me permet d'empoigner le récipient et de le porter à mes lèvres sensuelles.

C'est tiède, épais, gluant, peu agréable au palais, ça picote et mousse comme une bière un peu éventée.
J'estime d'ailleurs le degré d'alcool comparable.

˝La boisson des Dieux˝, que cela s'appelait au temps des Aztèques. 
Tu parles, Charles !

Buvant le calice jusqu'à la lie, je vide le litre en deux ou trois fois et quatre ou cinq minutes, tout en observant le comportement des mes quasi-semblables réunis en ce lieu.

Certains titubants viennent au bar chercher des litres de pulque dans un seau en plastique orange, qui leur est rempli au moyen d'une louche de même métal.

Une dame astique le carrelage avec une serpillère qui ferait dégueuler un putois.

Une autre dame, qui pourrait être la maman de Moctezuma, ânonne des trucs improbables en tenant par le cou un campesino qui n'entend visiblement plus rien, le flou de son regard en disant long sur le volume de Boisson des Dieux absorbé.

Mine de rien, le pulque doit avoir des propriétés de métabolisation foudroyantes, car je me retrouve rapidement sur un plancher flottant.
Pas une tempête, hein, juste un petit roulis, mais quand même.

Du coup, afin d'éliminer, je rentre à pied et ça me fait beaucoup de bien.


Tout savoir sur le pulque ICI ou ICI